REPÈRES
1947
Naissance à
Marseille, son père Marius Di Paola est jardinier en chef au parc
Borelli
1983 -
2001
Adjointe au maire de
La Garde Adhémar
1990
Crée le
jardin botanique de La Garde Adhémar
Novembre
2001
Parution de l'
"Herbier des champs et des chemins" (Ed. Aubanel - La Martinière)
Le
magazine du Conseil général
de la Drôme
janv. /
fév. 2002
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Il faut
cultiver notre jardin ! Danielle ARCUCCI n'a pas attendu "Zadig" pour le mettre
en pratique cet excellent conseil. Mais contrairement au héros voltairien
qui, par le biais de cette maxime, affirme son intention de ne plus se mêler des
affaires du monde, la "jardinière de La Garde-Adhémar" explique, elle, que son
plus grand bonheur est d'offrir à chacun l'occasion de découvrir le monde
merveilleux des plantes. C'est donc dans cet esprit de cadeau et de partage
qu'elle a conçu –à la demande d'une grande maison d'édition– un magnifique
herbier, qu'elle a voulu accessible à tous, mais que les connaisseurs
apprécieront également pour la précision des explications et de remarquables
illustrations, signées Catherine-Marie Chapel.
Et il suffit de parcourir quelques lignes de cet "Herbier des champs
et des chemins" pour comprendre que Danielle Arcucci y a semé, au fil des pages,
des graines d'une folle passion pour ces herbes et ces plantes qu'elle aime d'un
amour –c'est elle qui le dit– quasi maternel : « Ne me demandez pas si j'ai
une plante préférée, je les aime toutes. Chacune d'entre elles est unique et
recèle des secrets insoupçonnés qu'il faut prendre le temps de découvrir. Les
simples ne sont pas toujours aussi… simples que cela».
Le
jardin de son père A la racine de
cette inclination, il y a son enfance dans le Marseille d'après-guerre,
illuminée par son père, jardinier en chef du jardin botanique du célèbre parc
Borelli : « Un personnage à la Pagnol, qui prenait le temps de s'arrêter
pour s'émerveiller devant un plan de pissenlits en fleur. Ma plus grande joie
était de l'accompagner à son travail, de l'écouter me raconter la vie privée des
fleurs, des histoires merveilleuses où la botanique se mêlait à l'histoire, la
mythologie, la géographie. Il m'a fait découvrir l'univers intime des
plantes, m'a appris à les connaître, à les comprendre et à les respecter. De
ces moments précieux, j'ai tiré plusieurs enseignements : tout d'abord
l'humilité. Nous avons encore beaucoup à apprendre des plantes, notamment pour
la recherche médicale. Ensuite, j'ai compris qu'on ne devait pas garder
égoïstement un savoir, mais qu'il fallait le partager, l'offrir. Et
aujourd'hui, je vous assure que je me sens riche de ce que j'ai
donné ».
Pomone de La Garde Et Danielle a
beaucoup donné, toujours bénévolement, toujours gratuitement. Adjointe au maire
durant dix-huit années, elle n'a ménagé ni son temps, ni ses efforts pour sa
commune et ses concitoyens. En 1990, son jardin secret –sa passion pour la
botanique– devient publique, quand l'équipe municipale lui demande d'aménager un
terrain situé en contrebas de la magnifique église Saint-Michel, et d'où l'on
jouit d'un point de vue exceptionnel sur la vallée du Rhône. Telle Pomone,
déesse des jardins, Danielle Arcucci se met immédiatement au travail, nullement
rebutée par l'ampleur de la tâche, et fait naître un extraordinaire jardin de
plantes aromatiques et médicinales... ouvert gratuitement au public. La
visite est libre ou commentée par Danielle qui, à sa manière, avec beaucoup de
poésie et un brin d'humour, raconte à petits et grands la fabuleuse histoire de
dame lavande, de l'églantine ou du coquelicot. Les promeneurs repartent conquis,
avec le sentiment très satisfaisant d'avoir appris quelque chose. Le bouche à
oreille fonctionnant à merveille, le jardin de La Garde Adhémar figure désormais
dans plusieurs guides spécialisés.
Mignonne, allons voir si la rose… Ce
n'est donc pas par hasard si, voici presque un an, les prestigieuses éditions de
La Martinière ont sollicité Danielle Arcucci pour la rédaction d'un
herbier. « Avant d'accepter, j'ai beaucoup hésité. Mon mari m'a encouragée
à accepter, il sait que j'aime les défis. Alors j'ai dit oui, à condition
cependant que l'ouvrage soit destiné à tous, qu'il donne envie à toute la
famille de faire ensemble une balade en forêt ou à la campagne, pour qu'ensuite
il soit un livre de souvenirs d'instants privilégiés ». L'éditeur a
accepté, et Danielle s'est enfermée dans son salon... prière de pas déranger
! Dans la préface de l'ouvrage, Dominique Massad, obtenteur de roses chez
Guillots, raconte la belle et grande passion de Danielle Arcucci… dont il a
souhaité donner le nom à une rosé de la célèbre Maison. « Mais
pourquoi » ? a t-elle demandée, très émue. « C'est simple, a répondu
le "Papa des rosés", elle te ressemble, elle est capable d'éclairer les jours
gris et puis, elle a un cœur comme le tien, gros comme ça ».
Isabelle CARRA photo Claire Matras
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