Salles (qui
ne devint " sous-Bois " que
récemment) fut un carrefour de routes, celui où se croisaient les deux seules
voies joignant le bassin méditerranéen et la
péninsule ibérique au reste de l'Europe à travers la barrière des Alpes. C'était le lieu de passage obligé pour tout ce qui voyageait du nord au
sud et de l'est à l'ouest et inversement, aussi bien humains que marchandises ou
troupeaux en déplacement, en des temps où la vallée du Rhône, habitée par un
fleuve indompté coulant dans une vaste plaine marécageuse, était impraticable
par voie de terre, cependant que la navigation y posait des problèmes
difficiles.
D'ailleurs,
c'était la frontière de la France, située de l'autre côté, où l'on s'est
toujours méfié de ce qui pouvait venir des “ terres d'Empire ” de la rive
gauche.
D'ailleurs,
c'était la frontière de la France, située de l'autre côté, où l'on s'est
toujours méfié de ce qui pouvait venir des “ terres d'Empire ” de la rivegauche.
Les vieux textes désignent les deux routes qui se croisaient dans le bourg comme, d'une part “ la route du Languedoc à Gap ” par Pont-Saint-Esprit, Pierrelatte, Montélimar, Salles, Taulignan, Nyons, Le Buis et, d'autre part “ le grand chemin des Parties d'Allemagne en Avignon ” par Crest, Chateauneuf-de-Mazenc, Aleyrac, Salles et Montségur, cette vieille Route Royale no 12 qui avait
remplacé un grand chemin très ancien qui fut, entre temps, route gauloise et voie romaine
Il
fallait donc circuler sur les chemins tracés dès l'époque néolithique dans
l'épaisseur de la grande forêt qui couvrait toute la région, en suivant le cours
des rivières. Peu à peu, ces chemins étaient devenus pistes puis routes de mieux
en mieux revêtues et munies d'ouvrages d'art de plus en plus
perfectionnés. »
Un peu d'Histoire
« Si
bien que, au flanc du modeste “ serre ” qui domine leur carrefour, au
confluent de la Berre et du ruisseau d'Aleyrac, s'est installé, autour d'un
oppidum qui devint fortin, puis maison forte, puis château, un village dont la
vocation agricole n'était pas évidente sur ces terres ingrates, mais qui remplit
pendant longtemps le rôle de poste-frontière, de verrou et de lieu d'étape sur
les grands axes routiers servant de poumon au midi méditerranéen et au massif
alpestre.
Ce
bourg de Salles accueillait les voyageurs, leur procurait hébergement, couvert
et ravitaillement, mettait les troupeaux à l'abri des brigands qui, de tous
temps, furent nombreux dans la forêt, mais aussi participait à l'entretien des
routes que parcouraient, à longueur de journée, piétons, cavaliers, troupes en
marche, troupeaux, chariots et voitures. Ce devint vite une petite ville
prospère et florissante qui, pendant tout le Moyen-Âge, n'eut jamais moins de
700 habitants et qui tirait ses revenus des droits de péage et d'octroi qu'elle
percevait sur les voyageurs et leurs marchandises, sans omettre quelques taxes
annexes pouvant paraître surprenantes, tel ce “ droit de pulvérage ”, qui
n'était autre qu'un impôt sur la poussière soulevée par les troupeaux traversant
la contrée.
Si
l'on désirait symboliser l'histoire de Salles par une représentation graphique,
il faudrait dessiner une immense fresque montrant une longue file de personnages
où l'on reconnaîtrait, pêle-mêle, des rois, des empereurs, des papes, des hordes
barbares, des peuples migrants, des armées en marche, des grands de ce monde
avec leurs escortes, des caravanes de marchands, des colporteurs sur leur mules,
des prédicants, des princes de l'Église, d'humbles religieux, bien d'autres
encore, sans parler des bûcherons et des chasseurs, hôtes habituels de la grande
forêt. Hannibal, lui-même, était passé par-là, du temps des gaulois, avec son
armée de cent mille hommes et quelques dizaines d'éléphants, venant d'Espagne
pour rejoindre les cols alpestres et attaquer Rome.
On
peut affirmer sans risque d'erreur que ce furent, pendant très longtemps, le
carrefour européen le plus fréquenté qui soit et la seule porte permettant de
franchir la frontière séparant l'Europe du sud du reste du
Continent.
Certes,
le temps s'est écoulé, le vieux bourg gardien obstiné de voies devenant
secondaires, n'a cessé de péricliter depuis qu’au XVIIIe siècle, il a été privé de ses défenses, de ses remparts, de son château parce qu'il avait été, pendant un temps, aux mains des huguenots, durant les Guerres
de Religion. »
Le village a su rester accueillant et ils sont de plus en plus nombreux
les visiteurs à se fixer là et se trouver bien.
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la route gauloise et voie romaine
fenêtre à meneaux
ancienne tour des remparts
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